Société événementielle en difficulté

Bonjour
Nouveau sur le forum
Je me pose des questions sur la reprise d’entreprise en difficulté
Par rapport à la crise que nous traversons de nombreuses sociétés vont être en délicatesse et certainement en redressement judiciaire ma question
Faut il attendre ke depot de bilan et reprendre a la barre du tribunal ou faire une offre avant ?
Merci
:grinning:

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Bonjour Denis,

En ce qui me concerne, je préfère faire une offre avant la cessation des paiements et ainsi disposer de l’ensemble des outils d’ingénierie financière.

Effectivement, beaucoup d’entreprises vont se retrouver en grande difficulté, même si les aides (le PGE notamment) vont grandement aider à passer le cap.

Excellente journée.
Sébastien

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Merci :+1: Seb pour ta réponse Donc il est préférable d acquérir avant la cessation des paiements
Mais comment faire pour savoir que l entreprise est à la veille du redressement judiciaire ? :eye:

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Bonjour Denis,
Il faut ABSOLUMENT faire le deal avant la main mise du TC.
Il s’agit donc d’une course contre la montre. Si tu sais bien te positionner, tu tires les ficelles.

Le temps est hyper précieux car tu dois boucler le deal en moins de 15 jours. Comment? En l’annonçant dès le 1er entretien. Du style « tu n’es pas là pour perdre ton temps ni en faire perdre aux autres ». Tu annonces tout de go « tel jour à minuit, soit on s’est mis d’accord, soit cette entreprise ne m’intéresse plus ». Normalement, tu obtiens une réaction TRES négative. Alors tu te lèves et tu quittes les lieux. Je dispose d’une bonne trentaine de témoins qui te certifieront que j’ai toujours été rattrapé. A partir de là, c’est toi qui donne le tempo et tu peux commencer à bosser :

Tu discutes d’abord avec l’actionnaire principal dont le souci essentiel (et immédiat) consiste à stopper l’hémorragie (ne plus perdre d’argent).
Tu discutes avec le manager principal dont le seul objectif repose sur la meilleure façon de tirer son épingle du jeu… voire d’éviter des suites plus désagréables (mise en cause de sa responsabilité par exemple).
Tu discutes également avec le(s) banquier(s) qui veulent récupérer les montants avancés (les découverts, les prêts interrompus, les agios, etc.).
Tu discutes enfin avec les fournisseurs qui seront plus ou moins compatissants en fonction des encours et de la dette … et des perspectives (rapides) que tu leur fais miroiter.
Tu peux faire semblant de discuter avec les salariés. Mais dans ce contexte, tu ne feras que perdre du temps (sauf si un salarié est susceptible d’être désigné gérant…).
Oublie les garanties de passif et autres conneries de ce genre. Au contraire, le simple fait de renoncer à la garantie de passif va te permettre de remporter l’affaire (si tu as un concurrent qui lui, va s’y accrocher). C’est un argument choc que vont plus que très largement apprécier à la fois l’actionnaire et le manager… (tu peux me croire).

Sinon, dans le cas où l’entreprise est mise en « sauvegarde », « RJ » ou parfois « liquidation directe », tu auras à faire au moins :

  • au syndic dont le seul souci repose sur sa perspective financière à court terme …
  • aux Juges du TC qui vont t’expliquer que leur seul souci équivaut à la continuité de l’entreprise et le maintien de l’emploi (c’est la théorie, pour ce qui relève de la pratique… difficile de l’exposer par écrit ;-).
  • à au moins un avocat désigné par le TC qui va se goinfrer sur ton dos (tout en faisant certes, aboutir légalement l’opération).

Le seul avantage du TC consiste à te permettre de reprendre que les actifs de l’entreprise et même de faire un choix judicieux parmi ceux-ci).
Dernier point essentiel : aller à la barre du TC sans relationnel dans ce tout petit milieu minorera dès le départ, ta chance de succès (même sans aucun concurrent sur le même dossier). En tous les cas, c’est vrai pour le TC de Paris (pour les autres, à part deux TC de province, je n’ai pas eu d’expérience).

Voila Denis, un topo rapide mais concis. J’espère qu’il t’éclairera au mieux.

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Merci #keravel qu’appelle tu la garantie du passif ?
Et pourquoi certain vont s’y attacher?
:top:

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Denis, la garantie de passif est un document par lequel le cédant certifie (à l’acheteur) que le périmètre du passif défini par le dit document est en tout point conforme aux indications dudit document.
Il s’agit pour l’acheteur de se garantir contre toute mauvaise surprise.
Voila la théorie !
En pratique, il y a TOUJOURS des mauvaises surprises (plus ou moins grandes / rarement des grandes) avec ou sans garantie de passif. Et pour se dispenser de cette « garantie », il existe une méthode bien plus efficace, plus rapide et plus fiable…

La plupart des acheteurs s’y attache car conseillée par des avocats pointilleux ou emprunte d’une attitude frileuse.

Dans le cas d’une agence de com. dans l’évènementiel, je ne la crois pas opportune. Tu dois surtout - à mon humble avis - te concentrer sur la récurrence des contrats (ou pas), le lien entre la clientèle et les dirigeants de cette agence (en d’autres termes, est-ce que le départ des dirigeants impacte les contrats en cours et futurs?), la solidité des prestataires habituels, la MB moyenne (quand l’entreprise allait bien) et les perspectives de développement à TRES court terme (peux-tu amener 1 ou 2 ou 3 contrats additionnels dès que tu reprends l’affaire?) et au delà, des contrats additionnels, quelle est ta plus-value immédiate?

Si tu reprends une entreprise en difficulté, tu disposes de 2 FOIS 90 JOURS pour la remettre sur les bons rails :wink:

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Ton alternative à la GAP m’intéresse, si tu peux développer. :slight_smile:

Merci beaucoup pour tes contributions !

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Même intérêt que @sebastien
Le délai de deux fois 90 jours c’est un délai légal donné par leTC ou autre ?
Tes réponses sont appréciables :star2:

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Salut Sébastien.

Une GAP fige dans un document les actifs (dans le cas où ils seraient sur évalués) et le passif (dans le cas où il serait incomplet). Elle permet de revoir - a posteriori - le prix de la cession, le plus souvent à la baisse et au profit de l’acheteur ansi « protégé » (à hauteur de 25 à 35% du prix de la dite cession).

TRES BIEN … sur le papier !

#1 - LES ACTIFS
Pour faire court, les actifs sont très rarement sur évalués dans une GAP qui intégre les valeurs comptables. En réalité, c’est le contraire, surtout pour tout ce qui relève du mobilier (au sens large), des stocks (1) et des contrats, points à analyser au microscope.
Et tout l’art du repreneur consiste pour une bonne part, à évaluer de façon très fine la vraie valeur marchande des actifs (sinon, mieux vaut franchement faire autre chose ;-).

#2 - LE PASSIF
C’est ça qu’il faut regarder à la loupe. De quoi s’agit-il?

  • D’abord des prêts éventuels qui suivent leurs cours (ou pas) et j’ai expérimenté les deux cas.
  • Des prêts supplémentaires (au dernier bilan) contractés auprès des banques habituelles ou auprès d’une nouvelle banque (cela arrive …).
  • Prêts et/ou nouvelle banque déclarés à l’expert-comptable ou pas (j’ai vécu tous ces cas).
  • Dettes fournisseurs déclarés à l’expert-comptable ou pas.
  • Clients à rembourser / cas rare (quelle que soit la raison).
  • Dettes sociales et/ou fiscales.

Voila en gros, les points à analyser et chacun des tirets précédents demande une méthode particulière pour s’assurer d’obtenir la réalité des faits dans un délai de 3 à 5 jours. Le concours de l’expert-comptable de l’entreprise rachetée est nécessaire (en général, il va de soi avec l’accord du manager en place). Ce qui importe, c’est d’avoir une vision chiffrée de la situation de l’entreprise, ceci en supplément des éléments d’appréciation comme le moral du personnel, la confiance des fournissseurs, des banquiers, la notoriété acquise sur son marché, etc.

Avec cet état des lieux (qui équivaut à un vrai bilan actualisé qui complète le compte de résultat de l’année en cours que vous obtenez à partir des relevés bancaires), vous disposez de la faculté ou non d’établir une GAP.

En conservant à l’esprit que si vous l’activez, il vous faudra un bon avocat pour plaider en votre faveur, ce qui prendra pas mal de mois (et de sous) si la partie adverse interjecte appel.

Pour ma part, je suis toujours ravi d’être confronté à des concurrents sur des dossiers de reprise qui s’accrochent à leur GAP comme des naufragés à une bouée. Tout bon avocat vous dira qu’elle est indispensable… surtout à sa note d’honnaires ;-).

(1) Je pense à un stock de livres évalué selon la méthode Hachette à 1, revendu 7 fois son évaluation à plusieurs soldeurs, ce qui a permi de régler la quasi totalité du prix de cession… (cas vécu) ou (toujours dans l’édition), un contrat d’exploitation éditorial d’un personnage de fiction (mondialement connu) sur la zone francophone, cédé à un éditeur tiers 15 fois le montant de la cession.

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Salut Thierry,

Très intéressant, merci beaucoup.

Effectivement, c’est ce que je fais dans le cadre de l’audit d’acquisition, mais je mets toujours une GAP au passage, ça ne mange pas de pain. Et les banques aiment bien aussi. :smiley:

Je confirme que j’ai eu également des surprises (bonnes !) comme les exemples que tu donnes. Notamment sur des boites en difficultés, sauvées au jour 1 de la reprise grâce à ce type de découvertes. 2 exemples : des rouleaux de cuivre oubliés dans le stock… et un alambic de grande valeur pour un collectionneur.

Excellente soirée et merci encore pour ton partage !

Seb

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Merci à vous deux très enrichissant :clap:

Bonjour a vous
J’ai acheté 200€ sans voir dans une vente au enchères
le contenu d’une cave car le commissaire priseur n’avais pas la clé
On a ouvert grâce a la concierge qui avait le double
il y avait pour 3800€ de bouteilles de vins sélectionnés
j’en ai offert 2 au commissaire qui les a avalées de travers
Excellente soirée et merci encore pour le partage !
Mouloud

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non Denis. Une fois que tu as racheté l’entreprise, le TC ne te donne aucun délai. Nous sommes dans le cas que tu as posé : celui d’une entreprise en difficulté (en l’occurence une agence évènementielle).
Les 90 1er jours : tu fais 3 choses (tu mets des pansements un peu partout en rassurant tous tes interlocuteurs, tu fais rentrer de l’argent (cession d’actifs, contrats commerciaux, …), tu réfléchis à un plan de développement (que tu écris noir sur blanc) en le chiffrant.
Les 90 jours suivants : tu mets en pratique ton plan de développement (souvent en redéfinissant l’activité de l’entreprise (qui s’est peut être dispersée) et en te concentrant sur les produits à plus forte marge et/ou en créant de nouveaux).

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Bonjour,
Personellement je pense qu’une GAP est importante dans la mesure oú elle permet de garantir l’acquereur contre toutes mauvaises surprises dans le temps.

Je suis d’accord avec vous sur les eventuelles dettes telles que vous les évoquiez mais il ne faut pas oublier qu’une GAP bien rédigée permet au cessionnaire d’etre proteger contre d’autres événements tels qu’un contentieux lié a une contestation de droit de propriété intellectuelle (contention marque, brevet etc…).

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Bonjour plutôt que dire GAP tu peux stp parler en terme de mot claire pas en diminutif
Merci de developer ce que ça veux dire

Bonjour,

Bravo pour vos excellentes questions et réponses.

Si j’ai bien compris, j’ai l’impression que la GAP est adapté pour une entreprise saine, puisque cela demande plusieurs semaines voire plusieurs mois pour que l’expert-comptable réalise le bilan et compte de résultat actualisés.

Dans le cas d’une entreprise en difficulté, on a finalement que quelques jours pour le faire soi-même afin d’avoir une vision le plus proche possible de la réalité (en partant du principe qu’il risque malgré tout d’y avoir quelques bonnes et moins bonnes surprises qui passeront au travers de cette analyse rapide, c’est le jeu !).

@Keravel, tu parles d’une méthode particulière pour analyser et passer l’Actif et le Passif à la loupe en 3 à 5 jours pour s’assurer d’obtenir la réalité des faits.
.
Peux tu en dire plus sur la méthode que tu utilises, stp ? Et merci pour la qualité de tes commentaires sur le sujet ! Vraiment c’est TOP !

Frédéric

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